Définir un « Atelier d’écriture » les deux mots semblent éloignés l’un de l’autre.
« Atelier » fait souvent penser à cet endroit où l’artisan se retire avec ses compagnons pour fabriquer et parfois créer des objets de la vie quotidienne.
L’atelier d’écriture a ceci de commun avec celui de l’artisan : c’est d’abord un lieu où nous nous retrouvons, non pas entre compagnons, mais entre « écrivain-e-s », avec nos rituels.
L’atelier d’écriture est un lieu de partage : du plaisir d’écrire, de lire, de découvrir des textes. Comme le compagnon, l’écrivain-e-s crée, fabrique, démonte…
L’atelier d’écriture comme celui de l’artisan est un lieu de création.
Les séances suivent un rituel devenu traditionnel : l’animateur fait une proposition d’écriture qui peut ressembler tout simplement à une fenêtre ouverte vers l’imaginaire, l’observation ou l’émotion intime. Ces suggestions, aussi variées que possible, invitent les écrivain-e-s à emprunter des pistes curieuses, originales et ludiques.
Chacun peut s’en saisir à sa manière : il n’y a pas de contrainte. Nous ne sommes pas à l’école. Chacun emprunte ses propres chemins. Chacun se met à écrire.
Lorsque le groupe commence à chuchoter, c’est qu’il est souvent temps de passer à la lecture. Chacun lit alors le texte qu’il vient d’écrire. Un texte tout chaud, quasiment sorti du four. Tous les autres l’écoutent avec attention et dans le respect de ses opinions et de sa sensibilité.
Collaborer à un atelier d’écriture engage l’écrivain-e à offrir sa mémoire, ses rêves, et, au-delà de sa propre histoire, plusieurs facettes de sa personnalité. C’est un terrain d’aventures : les écrivain-e-s deviennent rapidement des complices que chaque séance d’écriture rend plus proches. Surtout, l’écrivain-e s’y retrouve lui-même, au fil des textes, inattendu, à la fois inconnu et familier. On n’écrit pas seulement pour s’exprimer ou communiquer. On écrit pour s’inventer ou se reconquérir soi-même.
La lecture tient une place centrale dans l’Atelier d’écriture.
A la lecture de son propre texte, l’écrivain-e s’aperçoit qu’à son insu, souvent, il a bel et bien un style. Ecrire, c’est aussi lire : au plaisir d’écrire s’ajoute celui de partager une émotion, une observation, un plaisir ou quelques expériences. Dans l’étonnement toujours de ce que l’écriture elle-même produit, nous restons fidèles à l’écoute des mots de chacun, de sa voix au plus près de lui.
Les thèmes abordés : Ils sont nombreux et aussi variés que possible : depuis la liste des « premières fois » ou celle des « choses qui doivent être courtes » jusqu’au récit de quelques rêves ou aventures, en passant par les descriptions diverses … Chaque fois, l’aventure est loin de se révéler vaine ! Il nous est aussi arrivé d’inventer des mots et, pour conclure, je vous propose un mot de mon invention :
Oxylugraphie (formé à partir d’oxymore, lumière et graphie)
C’est l’art de mettre en lumière l’obscurité dans l’écriture
C’est bien ce que doit permettre un atelier d’écriture mettre en lumière ce que l’on a enfoui au fond de soi.
Bernadette Lopez
Animatrice ateliers d’écriture